Katarina Livljanic incarne ce drame ancien par un chant croate d’une merveilleuse pureté et au récit haletant, portés par son regard pénétrant et ses mains expressives. (…)
L'insertion d’autres textes du 16e siècle, à des moments clefs de l'histoire, confère à "Judith" une modernité à la fois surprenante et métaphysique.
« Il fallait une artiste éloquente et une spécialiste patiente pour choisir et coordonner les reliques d’un passé très distant et en tirer une pièce capable de captiver un auditoire contemporain. Cette pièce est un travail à la fois hypnotisant et par moments d’une obsédante beauté, marqué en son cœur par la voix au timbre pur de Katarina Livljanic. Cette dernière est accompagnée par deux musiciens qui jouent de plusieurs flûtes, d’une vièle et d'un ancien instrument à corde croate appelé lirica. Les lignes vocales ondoyantes font naître un sentiment de mélancolie expressive, et une grande variété de dissonances piquantes font paraître cette musique à la fois très ancienne et très nouvelle. Sanda Hrzic a créé une mise en scène subtile et organique, faisant un usage poétique de la lumière et des ombres tandis que les excellents musiciens Norbert Rodenkirchen et Albrecht Maurer gravitent autour de la chanteuse. (...) Voici un fruit de la meilleure musicologie appliquée qu’il soit (...) »
« Les trois musiciens étaient tellement en accord, à l’écoute les uns des autres, qu’ils semblaient ne former qu’un, aucun ne dominant, chacun tout aussi indispensable.
Jouant sur une sélection d’instruments anciens et d’instruments traditionnels croates, Norbert Rodenkirchen, flûtiste et médiéviste et Albrecht Maurer, violoniste, musicien de jazz et spécialiste de l’improvisation, ont suivi chacune des nuances de la voix puissante et agile de Katarina Livljanic.
La musique est riche et opulente, faite de longues et hypnotiques mélodies. L’interprétation subtile de l’histoire par Katarina Livljanic a captivé l’auditoire. Usant de saisissants passages parlés ou à demi parlés, Katarina Livljanic met en lumière la dimension terriblement inéluctable de l’histoire de Judith, dont le personnage ferme et inflexible est reflété par l’assurance suprême de la chanteuse. »
« Judith est un stupéfiant one-woman opéra de 70 minutes avec une musique sensationnelle, fruit non seulement du mezzo-soprano hypnotique de Katarina Livljanic mais aussi de la performance impeccable d’Albrecht Maurer à la vièle et à la lirica (instrument à corde traditionnel croate) et de Norbert Rodenkirchen sur des flûtes archaïques. »
Essai sur le travail de Katarina Livljanić par l'écrivain croate/bosniaque Miljenko Jergović, publié dans le quotidien Jutarnji list (PDF)
« Je n’ai jamais vu ni entendu un spectacle d’une telle force partant pourtant d’éléments aussi simples. Dans ce monodrame-opéra, Katarina Livljanic interprète le texte de Marulic, lui donnant vie de façon intime et touchante. Les excellents Albrecht Maurer et Norbert Rodenkirchen, instrumentistes, sont à eux seuls un véritable orchestre. Dans leurs interactions avec la voix magnifique de Katarina Livljanic, tout sonne comme une improvisation parfaite, née au moment même de la représentation. Les scènes du siège de Béthulie par Holopherne prennent vie avec une force surprenante dans une atmosphère de concentration à couper le souffle. »
Enchanté par « Judith »
Le public est d’emblée tombé sous le charme. L’église, la charismatique chanteuse, les musiciens, la mise en lumière délicate et raffinée de Marie Bellot, tout participe à créer … une atmosphère de densité et d’enchantement dont l’auditeur ne se défait que lentement lorsque le spectacle est terminé.
Tous les rôles sont incarnés par Katarina Livljanic, qui développe un large spectre de nuances vocales : dans le récit et dans le chant, elle apporte une profusion d’émotions. Dans sa voix, claire, très agile et techniquement parfaite, pas la moindre fragilité. La concentration qu’elle apporte à ce tour de force est impressionnante.
Les deux instrumentistes se révèlent être des partenaires parfaitement en accord. Ils nous ont charmés par leur jeu doux et empreint de lyrisme, en se montrant tout aussi à l’aise dans les atmosphères dramatiques. C’est ainsi que naît du chant et de l’interprétation, un spectacle captivant qui tire son intensité de sa quête de l’essentiel.
La voix chaude (de Katarina Livljanic) aux couleurs denses et profondément expressives, parcourt une riche palette de nuances sonores entre le récit, le récit chanté et le chant pur.
Elle est harmonieusement accompagnée par deux musiciens allemands spécialistes de l’interprétation sur instruments historiques … Pour ce projet, Albrecht Maurer a appris à jouer sur la lirica, instrument traditionnel croate. Il en enrichit la sonorité par une technique d’archet pleine de nuances. Norbert Rodenkirchen utilise différentes flûtes traversières en bois en association avec la dvojnice croate, formant ainsi un riche instrumentarium avec lequel il crée spontanément une polyphonie simple sur une mélodie développée avec des accompagnements en bourdon.
Toutes ces sonorités se rencontrent et se joignent avec tant de précision et de subtilité, qu’à certains moments, il devient impossible de distinguer la voix humaine des instruments. L’audience a été hypnotisée par la magie de ce mystère musical qui va bien au-delà de son cadre historique et de son contexte. C’était pour nous l’unique jour de cette année musicale en Croatie au cours duquel nous avons pu vivre un vrai rituel d’hypnose, créé par la magicienne du théâtre musical K.Livljanic…
« Le résultat atteint par Katarina Livljanic dans ce projet exigeant fait de ce spectacle de théâtre musical d’une heure, une expérience complète et totale que chacun suit intensément d’un seul souffle.
Une mention particulière pour les magnifiques capacités vocales de Katarina Livljanic. Elles sont celles dont disposent très peu de chanteurs, ceux qui ont profondément réfléchi et qui vivent à travers l’essence du message qu’ils transforment en son.
Il est essentiel de citer également l’interprétation subtile d’Albrecht Maurer et Norbert Rodenkirchen, excellents musiciens. La profonde simplicité de la mise en scène de Sanda Herzic crée un cadre parfait pour le déroulement de ce spectacle musical et théâtral. »
Judith a été, sans aucun doute, le plus grand succès de la 53ème saison du Festival de Split. En intégrant des fragments de textes et de musique au sein d’une magnifique performance vocale et dramatique, en lien étroit avec les excellents instrumentistes Albrecht Maurer et Norbert Rodenkirchen, sur une mise en scène de Sanda Herzic, K. Livljanic confirme la force de son imagination créative et de son érudition. »
Les textes sont les protagonistes principaux de ce spectacle, doté d'une mise en scène simple, sans ornements, tournée entièrement vers la parole parfois chantée, parfois dite. Un choix d’une grande justesse de la part de Livljanic et Herzic. Les deux instrumentistes qui accompagnent Katarina Livljanic soulignent l’histoire de façon extraordinaire, présentant des instruments rarement vus comme la lirica et les dvojnice (double flûte). Les trois musiciens font naître des moments magnifiques.
« Une voix d’une grande beauté et d’une extraordinaire expressivité. »
Accompagnée par d’excellents musiciens, K.Livljanic a puisé de façon profonde et intelligente dans l’héritage musical grégorien et glagolitique dalmate. La mise en scène discrète mais extrêmement touchante, est incarnée par des musiciens en parfait accord avec un contenu musical inspiré, d’une grande profondeur et d'une grande densité émotionnelle. La voix est au centre de la performance. Épurée et pleine de résonances, avec des sons parfaitement structurés, elle s’appuie sur des fragments de mélodies archaïques avec beaucoup d’imagination et de facilité. Les synergies qui se créent avec le texte original sont bouleversants. Alors que les éléments liturgiques et séculiers s’entrelacent dans d’harmonieux dialogues–monologues, les échanges entre la chanteuse et les deux instrumentistes, empreints de sensualité, impressionnent.
Ce poignant drame de l’âme humaine atteint son paroxysme dans le dénouement du spectacle, aux accents étonnamment modernes : « Vanité, tout est vanité… »
"Saisissant ! Autour du riche timbre de mezzo, de l'apparence sculpturale et du charisme de la chanteuse et créatrice de ce projet, le montage joue sans violence des changements d'ambiance et de dispositifs... Surprenante danse de l'ivresse d'Holopherne, dans laquelle les deux instrumentistes changent de places comme par enchantement."
Le film de Radislav Jovanov Gonzo est incroyablement beau.