La chanteuse, musicologue, et actrice Katarina Livljanić a créé un programme que l'on regarde, écoute et suit avec le souffle suspendu... Le drame antique d'Hécube n'est pas une histoire imprévisible, mais la manière dont la musique et le texte sont unis dans ce projet l'est. Le résultat dramaturgique est brillant...
La voix magnifique de Katarina Livljanić nous séduit toujours de nouveau, non seulement par sa couleur et son intonation brillante, mais également par la clarté de sa diction et par son interprétation, focalisée sur l'éventail des émotions d'Hécube dans chaque moment du spectacle. La force émotionnelle de son interprétation montre à quel point elle a pénétré le personnage qu'elle interprète.
Une place soliste très importante dans ce projet est celle du ténor Francisco Mañalich qui s'accompagne également à la viole. D'une voix chaude, stylistiquement parfaite, il a interprété tous ses rôles. Il était particulièrement impressionnant d'écouter Katarina Livljanić et Francisco Mañalich, accompagnés ou a cappella, chantant en duo les pièces polyphoniques.
Les musiciens fidèles de Dialogos, Norbert Rodenkirchen (flûtes, dvojnice) et Albrecht Maurer (vielle, lijerica), ont accompagné les chanteurs, sans hésiter d'explorer parfois des techniques de jeu plus contemporaines, pour souligner, comme dans un film, les émotions d'Hécube.
L'ensemble vocal Kantaduri, dirigé par Joško Ćaleta, a donné une interprétation impressionnante des mélodies traditionnelles, jouant le rôle du choeur des tragédies antiques.
Katarina Livljanić et Dialogos ont offert au public un spectacle du plus haut niveau, que nous n'avons pas souvent l'occasion de voir, ni sur la grande scène du Théâtre National de Croatie, ni ailleurs. L'espace intime de leur spectacle a fait pénétrer le public dans le monde intérieur de la reine Hécube, brillamment interprétée par la créatrice de ce projet.
A Meudon, l'ensemble Dialogos fait revivre Hécube
Revue au goût d'une double Renaissance italienne et croate, la reine de Troie, entourée de quelques complices choisis, chante l'espoir et le sacrifice, la vie et la mort, le rêve et la réalité. Tragique et magnifique.
La scénographie de Sanda Hržić, habituée des projets de l'ensemble, rehausse subtilement ce discours poético-musical foisonnant.
Les mouvements, parfois hors de la scène, des acteurs-chanteurs et des musiciens, ceux d'un chœur tour à tour resserré ou dispersé, les jeux de regards, les discrets accessoires, soulignent les étapes du drame. L'alternance des dialectes anciens (croate et italien), le passage d'une monodie ornée dont le rythme épouse celui du texte à une polyphonie en simple déchant note contre note, les phrases chantées-déclamées accompagnées de longues tenues-bourdons, la voix parlée, le chœur à l'âpre vocalité, cisèlent une narration continue et contrastée.
(…) la reconstruction musicale opérée par le « laboratoire-Dialogos » fait mouche. La modalité ancienne s'y « fausse » volontiers de chromatismes insistants, rehaussant le discours, flûtes et cordes s'insinuent dans la matière vocale, reprenant une ligne, anticipant un motif, suggérant une imitation, quelques thèmes appelant la danse se glissent ici et là…
Sans jamais tomber dans la facilité d'une monstration exagérée, Katarina Livljanić donne vie à cette reine désespérée et vengeresse. Voix longue, souple et fine, jeu de scène sobre, expressivité délicate sont là, très simplement et tout aussi justement au service de la musique et du texte.
Ses ennemis ont battu à mort tous ses enfants, enfin Polyxena et Polydor, qui a été assassiné par un faux ami avide d'or. À son tour, l'ancienne reine de Troie, Hécube, se venge. Katarina Livljanić chante et agit avec une dignité fièrement raffinée, mais implacable. Les femmes d'Hécube tuent les fils du meurtrier, le rendent aveugle. Et les cinq hommes de l'ensemble vocal croate Kantaduri commentent cette vengeance féminine archaïque avec leurs sons rudes et terreux, que personne dans le public ne trouve excessifs.
Le texte a été écrit à l'origine par le maître du théâtre athénien Euripide, il a été traduit en latin, en italien, en croate dalmate pendant la Renaissance. La grandiose Katarina Livljanić a enrichi le texte avec des lignes mélodiques de style médiéval, Francisco Mañalich est son partenaire congénial, endossant plusieurs rôles de femmes et d'hommes. C'est ainsi que l'on veut et que l'on peut imaginer la tragédie grecque interprétée.
Hecube, féministe et pacifiste, est chez elle dans le présent
Ce ne sont là que de simples moyens utilisés par la compagnie Dialogos dans sa version d'Hécube d'Euripide, d'une beauté à faire froid dans le dos.
La musicologue et chanteuse croate Katarina Livljanić incarne la reine de Troie Hécube avec seulement quelques gestes dignes, une robe noire décorée et distinguée et, par ailleurs, un chant et une récitation de texte retenus mais pénétrants.
Katarina Livljanić donne à la complainte d'Hécube sur la chute de Troie une grande ampleur, à tel point que même le "bureaucrate" Ulysse est touché. Mañalich joue de manière poignante le chemin de Polyxène vers sa mort, montrant à la fois la souffrance du fantôme de Polydore assassiné, qui veut voir sa mère une dernière fois, et celle de l'assassin de Polydore, Polymnestor, lorsque ses fils sont tués.
La musique interprétée par Kantaduri est basée sur des traditions folkloriques qui perdurent en Croatie. Alors qu'en Italie, on estimait que l'opéra baroque faisait revivre le drame grec, ces traditions croates sont peut-être encore plus proches des anciennes traditions du sud des Balkans
Une telle reconstruction peut devenir académique ou larmoyante, mais dans Dialogos, tout est convaincant. C'est peut-être parce que les interprètes savent tous exactement ce qu'ils font, avec une sorte de mi-embarras, mi-aliénation brechtienne qui fait clairement ressortir le texte lui-même et les personnages, combinée au mélange de deux langues et de deux styles musicaux.
Dialogos n'a d'ailleurs pas l'intention de reconstruire en soi. Dans un essai distribué avec le spectacle, À la recherche du temps pas vraiment perdu, Katarina Livljanić explique qu'il est tout aussi important de faire l'expérience de ce qui reste des traditions du passé aujourd'hui, car, à l'épreuve du temps, elles peuvent en dire encore plus sur les principes universels que les tentatives de reconstructions purement historiques.
J'ai été impressionné par le spectacle que j'avais vu auparavant, Hécube d'Euripide par un ensemble croate. L'une des plus belles productions du festival de cette année et l'une des plus belles représentations théâtrales de cette année.
Une chanteuse (Katarina Livljanić, co-commissaire du festival) dans le rôle d'Hécube, un chanteur, Francisco Mañalich, dans le rôle du fils et de la fille d'Hécube, ainsi que du meurtrier du fils. Deux instrumentistes sur des instruments traditionnels croates et modernes. Un quintette de chanteurs traditionnels croates, Kantaduri, interprète le chœur grec. Et à côté de la polyphonie croate, la musique de Claudio Merulo, l'un des précurseurs vénitiens de Monteverdi. Une scène dépouillée, et un spectacle très émouvant.
...Un spectacle génial et magique, pas uniquement une fenêtre vers le passé, mais surtout une vision du mystère de l'âme humaine qui s'adresse à nous, les hommes d'aujourd'hui.
Sanda Hržić est sans doute la metteuse en scène qui a su profiter avec la plus grande créativité de cet espace, anobli par la création et mise en lumière de Srećko Damjanović.
Le ténor chilien Francisco Mañalich… s'est harmonieusement transformé d'un rôle à l'autre, son timbre velouté a été la pierre précieuse de la soirée.
Le plus grand rôle, celui d'Hécube, a été porté par Katarina Livljanić qui a interprété de manière souveraine la large palette émotionnelle des états psychologiques de l'héroïne, captivant le public par sa parfaite intonation et diction.
Basé sur un nombre impressionnant de sources et de recherches spécialisées, ce projet aboutit à un résultat d'une grand beauté et captivant, dont chaque détail a été conçu pour nous envoûter entièrement, nous faire voyager, quitter l'espace et le temps dans lequel nous vivons, et nous conduire vers la moelle osseuse de l'histoire d'Hécube.
La chanteuse, musicologue, et actrice Katarina Livljanić a créé un programme que l'on regarde, écoute et suit avec le souffle suspendu… Le drame antique d'Hécube n'est pas une histoire imprévisible, mais la manière dont la musique et le texte sont unis dans ce projet l'est. Le résultat dramaturgique est brillant…
La voix magnifique de Katarina Livljanić nous séduit toujours de nouveau, non seulement par sa couleur et son intonation brillante, mais également par la clarté de sa diction et par son interprétation, focalisée sur l'éventail des émotions d'Hécube dans chaque moment du spectacle. La force émotionnelle de son interprétation montre à quel point elle a pénétré le personnage qu'elle interprète.
Une place soliste très importante dans ce projet est celle du ténor Francisco Mañalich qui s'accompagne également à la viole. D'une voix chaude, stylistiquement parfaite, il a interprété tous ses rôles. Il était particulièrement impressionnant d'écouter Katarina Livljanić et Francisco Mañalich, accompagnés ou a cappella, chantant en duo les pièces polyphoniques.
Les musiciens fidèles de Dialogos, Norbert Rodenkirchen (flûtes, dvojnice) et Albrecht Maurer (vielle, lijerica), ont accompagné les chanteurs, sans hésiter d'explorer parfois des techniques de jeu plus contemporaines, pour souligner, comme dans un film, les émotions d'Hécube.
L'ensemble vocal Kantaduri, dirigé par Joško Ćaleta, a donné une interprétation impressionnante des mélodies traditionnelles, jouant le rôle du choeur des tragédies antiques.
Katarina Livljanić et Dialogos ont offert au public un spectacle du plus haut niveau, que nous n'avons pas souvent l'occasion de voir, ni sur la grande scène du Théâtre National de Croatie, ni ailleurs. L'espace intime de leur spectacle a fait pénétrer le public dans le monde intérieur de la reine Hécube, brillamment interprétée par la créatrice de ce projet.
Superbe et terrifiante, une Hécube aux deux visages à Saint Donat
Dialogos n'est pas qu'un ensemble, mais aussi un vrai laboratoire, oeuvrant dans la musique ancienne, non pas pour reconstituer les restes de vieux fossiles, mais pour en faire de nouvelles créations authentiques, vivantes, enthousiasmantes, et profondément reliées à notre monde actuel.
Francisco Mañalich, magnifique ténor et artiste chilien, chante puissamment en s'accompagnant de sa vièle renaissance, prêtant sa voix tant aux enfants de la malheureuse Hécube qu'à leurs propres assassins.
Kantaduri, dirigés par Joško Ćaleta, sont puissants comme la foudre, entre chants apaisants et ceux traditionnels, dissonants et, rudes. Ils interprètent incarnent à la fois le choeur antique et plusieurs rôles secondaires : Ante Podrug pour Ulysse, Milivoj Rilov pour Agamemnon, Srećko Damjanović comme le serviteur.
Les fidèles compagnons de Katarina Livljanić, les musiciens Albrecht Maurer et Norbert Rodenkirchen jouent quant à eux du dvojnice, des flûtes, de la lirica et d'autres cordes frottées. Ils créent ainsi de terrifiantes tempêtes en mer et dans nos coeurs.
Et enfin, au milieu du tourbillon de la guerre, de l'avidité, du meurtre et de la vengeance - la magnifique et terrifiante Hécube, incarnée par Katarina Livljanić.
« La terre est dure, et les cieux sont hauts », je garde en mémoire ce vers comme symbole de ce nouveau chef d'oeuvre, issu de l'audacieux et créatif laboratoire Dialogos, dirigé par Katarina Livljanić.
Interview de Katarina Livljanić en croate sur la première mondiale d'Hécube dans le magazine Nacional (PDF).
Interview de Katarina Livljanić en croate sur le projet Hécube sur le site internet Glazba.hr (PDF).
Interview de Katarina Livljanić en croate sur la création de notre projet Hécube dans le quotidien Večernji list (PDF).