Programmes anciens

Chants sacrés des terres croates et italiennes au Moyen-Âge
Voix de femmes

Le programme Terra Adriatica repose sur une confrontation des traditions musicales des deux rives de la Mer Adriatique, croate et italienne, dans leurs aspects vernaculaire et latin, populaire et savant. Or, ce "diptyque" est en fait un immense polyptyque, car les deux pays fourmillaient au Moyen Age de rencontres de répertoires musicaux. L'Italie avec ses nombreuses traditions liturgiques, la Croatie, déchirée entre ses propres racines slaves et les influences germaniques et italiennes, constituent de véritables mines à explorer pour tout musicien médiéviste.

Les pièces liturgiques en langue latine dans ces deux pays vont du plain-chant dans ses "dialectes" locaux jusqu'à un éventail de polyphonies. Le langage musical de ces polyphonies est tantôt primitif, émanant presque des pratiques musicales traditionnelles, tantôt élaboré, dans le style de l'Ecole Notre Dame.

Pour représenter la fervente dévotion populaire dans la vie liturgique et musicale des terres croates et italiennes, Terra Adriatica est encadrée par un choix de pièces en langues vernaculaires.

Nous y entendons ainsi des chants du répertoire liturgique glagolitique de la côte croate. Ce répertoire liturgique du rite romain, chanté cependant en langue vernaculaire au cours du Moyen Age, fut conservé dans les livres en alphabet glagolitique, propre à la Croatie médiévale. Il survit encore dans la liturgie de certains villages sur la côte croate, conservé surtout par transmission orale. Le contact avec les chantres traditionnels actuels a considérablement inspiré notre interprétation de ces chants.

De l'autre côté de l'Adriatique, les confréries italiennes chantaient les laude, dont un des premiers témoignages écrits est le Laudario di Cortona, manuscrit de la fin du 13e siècle. L'imagerie de ces chants repose toujours sur quelques motifs constants : la Vierge des laudes semble plus proche de paysannes dont les fils périssent en mer, que de ces pâles demoiselles allaitant l'enfant Jésus sur les fresques du trecento.

Or, l'expression musicale de la dévotion populaire en Italie et en Croatie n'est pas très différente aujourd'hui : les chants que nous pouvons encore entendre dans les processions de la semaine Sainte sont des témoignages de puissance de la transmission orale qui a conservé en nous certaines mentalités musicales propres à l'homme médiéval.

Extrait musical

Puče moj (Popule meus)