Guerres, musique et liturgie à Monte Cassino et en Italie Méridionale au Moyen Âge – programme pour cinq voix d’hommes
Au Moyen Âge, Monte Cassino fut un des lieux les plus prestigieux d'Europe. L'ancienne liturgie bénéventaine avec ses mélodies très virtuoses (ce répertoire est lié à la présence lombarde dans l’Italie Méridionale et considéré souvent comme « barbare » par les papes romains) ; le chant grec ; et finalement la tradition grégorienne – tous ces langages musicaux y sont présents entre le Xe et le XIIe siècle. Le mot « Barbares » ne quitte jamais la plume des chroniqueurs cassiniens, mais chaque fois il a une autre signification.
Qui sont ces Barbares ? Les Lombards eux-mêmes, les Byzantins, les ignorants qui ne connaissaient pas la langue grecque, ou latine, ou tous, ou personne ? Les Barbares sont les « Autres », dans cette étrange histoire qui est toujours écrite par les vainqueurs.
Le programme « Lombards et Barbares » évoque les épisodes les plus sanglants de la Bible et de l’histoire de Monte Cassino : les cris de malédiction après l'assassinat d'Abel, la confusion d'Isaac devant son pieux père qui veut le tuer, l'interdiction d'entrer dans l'église à tous ceux qui ne sont pas dignes d'y être (notamment à la secte des Ariens de l'Italie méridionale).
Monte Cassino est l’endroit où l’on chante « cum cantu promiscuo », disent les chroniqueurs au Xe siècle. Notre programme met en valeur cette ambiguïté entre les traditions musicales des hommes qui souvent ne parlaient pas la même langue, mais qui vivaient ensemble, en laissant derrière eux des monuments musicaux d’une incroyable beauté.
Extrait musical
Dixit Isaac patri suoVoix : Benjamin Bagby, Olivier Delafosse, Vincent Pislar, Branislav Rakić, Michael Loughlin Smith